Issu d’une famille bourgeoise (son père est médecin), étudiant un peu dissipé à HEC, amateur passionné d’équitation et de chasse, Louis Gendron s’est tout naturellement fait affecter dans un régiment de cavalerie, lors de son service militaire, en septembre 1938. Il suit le peloton EOR et entre en mai 1939 à l’École de Cavalerie de Saumur, dont il sort aspirant en septembre. La drôle de guerre, il la passe pour l’essentiel au 6ème E.P.I.C. (Escadron de Perfectionnement d’Instruction à Cheval), au Perray, près de Rambouillet. Pour lui, que n’attirent guère les blindés et encore moins la cavalerie portée et ses camions, c’est le rêve ! Il ne fait que de l’équitation. Il a un cheval fougueux et un travail d’instruction de jeunes recrues, « plaisant et facile », qui ne lui interdit pas d’avoir à ses côtés Odile, sa jeune femme, épousée en novembre 1939.
Louis Gendron au haras du Perray, mai 1940.
L’espoir déçu d’une guerre équestre
« Le 10 mai réveilla tout le monde en sursaut », comme il le dit dans un bel alexandrin, assurément involontaire, mais qui cadre bien avec son enthousiasme. Même s’il lui faut pour cela quitter sa femme, il est tout de suite volontaire, et ses hommes avec lui, pour s’intégrer à un escadron de reconnaissance en formation, le 51ème E.R.C.C. (Escadron de Renfort de Cavalerie à Cheval). Ils sont pourvus de nouvelles montures, fort indociles : ce sont des cobs irlandais, « des chevaux entiers, qui hennissaient dès qu’ils sentaient une jument ». Ils touchent des armes et munitions peu adaptées à la guerre moderne. Gendron en plaisante. « Nous en étions encore au mousqueton modèle 1916 et au fusil-mitrailleur modèle 24-29, et j’avais comme arme personnelle le revolver modèle 1892 […]. Grâce à Dieu, nous avions encore nos sabres, car je ne rêvais qu’à une chose : charger l’ennemi. Je n’ai jamais eu ce plaisir ». Une fois équipée, cette unité se déplace à cheval, de nuit, jusqu’au Haras de Jardy, à une quarantaine de kilomètres, près de Meudon (Hauts-de-Seine). Gendron s’inquiète pour sa famille : son frère et son beau-frère sont mobilisés comme pilotes ; son père retenu à Paris comme médecin à l’hôpital Saint-Louis ; sa mère, une tante et sa jeune sœur sont dans leur propriété de la Ronce, dans le Loiret. « Toutes les familles étaient assombries par la même angoisse ». En revanche, il écrit à sa mère, le 19 mai : « Les nouvelles que j’ai du front par les gens qui en reviennent sont fort rassurantes ». Dans quelle mesure en est-il convaincu ?
Déception. « Ma guerre à cheval se termina au Haras de Jardy. On y laissa les chevaux et on embarqua en camions le 2 juin ». La mission du peloton Gendron est d’établir, à 30 km de là, à Noisy-le-Sec et Bondy (Seine-Saint-Denis), des points de résistance, l’un sur un carrefour important de la RN 3, et l’autre un kilomètre plus au sud, sous un pont de la voie ferrée en remblai, deux « passages obligés » pour l’ennemi venant du nord. L’aspirant fait bien les choses. Au carrefour, il fait bâtir un blockhaus, par des maçons du voisinage – réquisitionnés et quelque peu récalcitrants – et réclame qu’on le garnisse d’un canon antichar de 57m/m ou de 25m/m, au lieu de quoi il reçoit un canon de 47m/m antédiluvien sans recul, incapable de percer un blindage et d’ailleurs dépourvu du moindre obus perforant. Pendant une dizaine de jours, il y a peu à faire, sinon aller de l’une à l’autre des deux positions pour les inspecter et venir prendre les ordres auprès du capitaine commandant l’escadron, qui a établi son poste de commandement à Drancy. En dehors du survol quotidien par un petit avion de reconnaissance allemand, et du bruit de quelques explosions lointaines, on pourrait oublier qu’on est en guerre. Et, l’ennui mis à part, le moral est excellent. Le 12 juin, le jeune homme écrit encore à sa mère : « Nous ne pouvons que vaincre, car une domination allemande est inconcevable en elle-même… Ici même nous nous préparons à faire de notre mieux et à résister au choc. »
Mais au cours de cette journée du 12 juin, le capitaine vient prévenir que, Paris ayant été déclaré « ville ouverte », il n’est plus question de résister sur les positions préparées et que l’escadron se rassemblera le lendemain à 16h30, à son P.C., en vue de décrocher la nuit suivante. L’après-midi, le canon est enlevé. « Personne ne me dit qu’il n’y avait plus aucune troupe amie entre l’ennemi et nous. Je me demande d’ailleurs si quelqu’un le savait. »
Un combat éclair
La journée du 13 s’annonce banale et tranquille. Gendron a préparé sa cantine. Ses hommes s’occupent de réunir leurs propres affaires en vue du départ. « Il régnait en fait un silence presque gênant dans cette avenue qui était normalement très animée ». Il y a bien quelques soldats débandés qui passent. Mais « ces isolés en retraite ne donnaient pas l’impression d’être des fuyards. Ils avaient leurs armes […]. La plupart étaient prêts à se battre et, en fait, j’ai recruté dans mon peloton deux soldats belges ». L’aspirant se trouve au poste sud, celui de la voie ferrée, « quand on entendit le ratatata d’une arme automatique. À son staccato rapide, je reconnus immédiatement que ce n’était pas une de nos armes, et sus, d’après la direction […] que mon poste de l’avenue de Bondy était attaqué ».
En compagnie d’un caporal et en passant par les jardins, Gendron gagne en courant la chambre qu’il occupe chez l’habitant, d’où la vue plonge sur l’avenue et le poste qu’il y a établi. « De ma fenêtre […], nous pouvions voir […] au milieu de l’avenue de nombreux soldats allemands casqués, à pied ou à motos avec side-cars. » Un officier, parfaitement francophone, harangue avec un porte-voix la population civile invisible. « J’avais les jambes molles ». Un moment, l’idée lui vient de tirer sur cet officier arrogant. « J’eus le bon sens de résister à cette impulsion. » Gendron et son caporal décident de reprendre aussi rapidement que possible le chemin qu’ils ont pris à l’aller. Malheureusement, un side-car débouche au coin d’une rue. Le caporal a déjà sauté par-dessus une grille. L’officier va en faire autant, mais « dans mon affolement, je ratai mon coup, et la pique d’un des barreaux de cette grille se ficha dans le fond de mon pantalon ». Le conducteur du side-car vire de bord, le passager lui tire une rafale qui le manque de peu, juste au moment où la toile de son pantalon cède. L’engin doit manœuvrer pour pouvoir tirer à nouveau, ce qui donne à Gendron le temps de viser son adversaire avec son mousqueton. « Dix mètres à peine nous séparaient et j’eus la chance de frapper le tireur allemand en pleine poitrine. Je vois encore le regard étonné de ce jeune malheureux, basculé en arrière avec les bras en croix, et il m’a hanté pendant quelque temps ». Au poste sud, ses hommes se sont déjà repliés, mais le caporal responsable de ce groupe, un jeune Martiniquais débrouillard et courageux, attend son chef et son camarade ; il a réquisitionné, pour eux trois, deux bicyclettes et un vélomoteur, grâce auxquels ils parviennent ensemble à rejoindre le gros de l’escadron, qui n’est plus à Drancy, mais déjà à Corbeil (Essonne), 45 km plus au sud.
« Chef de bande »
« A Corbeil, l’escadron était bien là, mais il n’y avait ni le capitaine, ni le lieutenant », le premier avait seulement laissé des instructions selon lesquelles lui, Gendron, comme le plus ancien dans le grade le plus élevé, devait prendre le commandement de l’escadron, en attendant son retour. « L’effectif était de 5 aspirants, 5 sous-officiers, 14 brigadiers ou brigadiers-chefs, et 37 hommes. C’était un bien gros commandement pour un jeune officier qui n’avait ses galons que depuis 10 mois ». En principe le capitaine et son adjoint, partis chercher des directives, auraient dû revenir le lendemain. En fait, on ne les a plus revus de toute la campagne. Mais Gendron, d’abord un peu embarrassé par cette lourde charge, prend vite confiance en lui : « Je me suis senti une âme de chef de bande, et suis devenu très jaloux de mon indépendance » Il est censé rejoindre l’unité de cavalerie dont il dépend théoriquement. Il se rendra successivement dans tous les lieux où il devrait la retrouver. Mais naturellement, dans la pagaille, toujours en vain. Il lui faut donc se présenter à tous les P.C. qui sont sur son chemin, ne serait-ce que pour toucher les bons d’essence nécessaires à la suite de son équipée. Mais il comprend vite qu’il a intérêt à laisser sa troupe camouflée dans un coin avant de prendre contact avec les autorités militaires, de peur que celles-ci « s’appropri[ent] mon escadron qui était encore encadré, discipliné, bien tenu, et qui possédait un armement considérable ». En effet, non seulement il a ajouté en chemin, aux trois camions dont l’escadron est doté, un tracteur d’artillerie et quelques autres véhicules, mais il a récupéré toutes les armes qui traînaient, des fusils modernes, un canon anti-char de 25m/m, plusieurs mortiers et quantité de munitions !
Le 14 juin, sa troupe gagne, à 30 km de Corbeil, selon les ordres reçus, un P.C. installé dans une ferme près de la Ferté-Alais (Essonne). Là, « on me suggéra de rejoindre la 2ème D.L.M. (division légère mécanique) qui devait être du côté d’Orléans ». « Le 15 juin donc, alors que les Allemands défilaient dans Paris, je faisais route de la Ferté-Alais à Orléans, via Étampes et Pithiviers », sans autre incident, sur les 110 km du parcours, que le mitraillage inefficace par un avion. « À Orléans, en fin d’après-midi, la ville brûlait. ». On réussit à passer sur la rive sud vers 21h : « Il nous fallut plus d’une heure pour franchir les 300 mètres du pont de Vierzon ». C’est un pont ferroviaire, mais il a sans doute été aménagé pour permettre à des véhicules de passer. C’est d’ailleurs par lui, resté intact, alors que les ponts George V et Joffre auront sauté, que… les troupes allemandes vont atteindre à leur tour la rive gauche de la Loire ! « À 22 heures, une fusée suivie d’une forte explosion signala que le pont d’Orléans sautait. Mais nous en étions déjà à 5 km. » Quel pont ? Pas celui qu’ils ont emprunté, en tout cas, puisqu’il ne sauta pas en juin 40. « À 23 heures, nous fûmes survolés par des avions, probablement des italiens d’après le son de leurs moteurs. Ils déversèrent pendant une bonne demi-heure une quantité de bombes sur Orléans. ». Diable ! Reconnaître la nationalité de ces avions au son de leurs moteurs supposerait de la part de l’observateur une expérience dont on ne voit pas comment il aurait pu l’acquérir. Mais on sait que depuis l’entrée en guerre de l’Italie, cinq jours plus tôt, le fameux « coup de poignard dans le dos », c’est fou le nombre d’avions italiens parfaitement imaginaires que les gens ont non seulement entendus, mais vus ! En écrivant, près de soixante ans plus tard, le témoin, pourtant généralement si bien informé et si avisé, y croit toujours ! En réalité, il s’agissait évidemment d’avions allemands.
Après une halte nocturne, à l’aube du 16 juin, le détachement arrive à Sandillon (Loiret), à 15 km d’Orléans, où Gendron espère retrouver la 24e Division d’Infanterie dont, en principe, il dépend. Mais naturellement, celle-ci n’y est plus. Une dizaine de kilomètres plus loin, à Vienne-en-Val (Loiret), il confie la responsabilité de l’escadron à son adjoint, un autre aspirant, et ne peut résister à la tentation de faire un premier écart (il y en aura d’autres) pour aller en moto repasser sur la rive droite de la Loire à Châteauneuf et se rendre, à une quinzaine de kilomètres, à la Ronce, la propriété où devrait se trouver une partie de sa famille, mais les lieux sont déserts et portent « les traces d’un départ précipité : une bicyclette et une valise étaient abandonnées au milieu de la cour ». Il ne peut qu’espérer que mère, sœur et tante ont pu fuir et se mettre à l’abri. A nouveau, au retour, en repassant le pont de Châteauneuf-sur-Loire, et en plein jour, cette fois, il est, croit-il, bombardé « par des gros Savoia italiens, qui étaient haut et visaient mal ». À haute altitude, comment est-il si sûr d’avoir reconnu des Savoia ?
Tentative de résistance
Gendron à la tête de son escadron reprend la route, passe par Marcilly-en-Villette (Loiret) où se trouve le Quartier Général des armées de l’Ouest, sans obtenir d’indication précise sur ce qu’il doit faire, et, dans la nuit gagne Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). Cela ne fait en tout, depuis Vienne-en-Val, qu’une étape de 30 km, mais qui prend beaucoup de temps à cause de la pagaille. À Lamotte, « je reçus l’ordre de me porter à Selles-sur-Cher, où on avait décidé de faire une ligne de défense sur le Cher » : idée qui, sur le plan stratégique, lui paraît très bonne. Cette étape d’une soixantaine de kilomètres commence de nuit et s’achève dans la matinée suivante (le narrateur ne précise plus les dates, sans doute est-ce le 17 ?). De jour, au matin, le convoi, qui avait fait halte pour déjeuner, est mitraillé par un Messerschmitt 110, près de Romorantin. Mal en prend à cet agresseur : un caporal lui tire une rafale de fusil-mitrailleur, qui probablement ne l’a pas abattu, mais l’a certainement atteint, car il « lâcha aussitôt derrière lui une traînée de fumée noire ».
À Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher), l’aspirant installe son escadron « à l’est du village, là où le Cher se double d’un canal qui lui est parallèle ». L’emplacement est excellent en cas de bataille. « Mais une fois de plus mon escadron était à peine en position que j’ai reçu l’ordre de décrocher et d’aller […] à Vouneuil-sur-Vienne ». Vouneuil (Vienne) est à 120 km, c’est une étape qui prend deux jours. De plus, en passant à proximité de Loches, Gendron laisse ses hommes se reposer et fait un nouvel écart (60 km en tout, aller-et-retour) pour aller rendre visite à des amis, à Saint-Germain (Indre), ce qui lui procure le double plaisir d’un vrai dîner, arrosé par le petit vin blanc du pays, et d’une nuit dans un lit. Le lendemain, il se présente à Vouneuil au général commandant l’étape, qui lui donne l’ordre de reprendre la route et de se « mettre à la disposition de l’Armada 27 (sic) au Château de la Combe, près d’Adriers ». Le « sic » est dans le texte. La dénomination apparaît bien pompeuse pour un regroupement de troupes sans doute assez hétéroclite. Gendron a d’ailleurs du mal à trouver ce château, situé entre Moussac et Adriers (Vienne), en pleine campagne, à 70 km. L’idée stratégique est de barrer, à la hauteur de Sauzé-Civray-Charroux, la RN 10, la route de Bordeaux, où le gouvernement s’est réfugié. Mais, à peine arrivé, l’escadron de Gendron est renvoyé 70 km plus au sud, à Saint-Angeau (Charente). Il y a là comme une espèce de comique de répétition.
« On était le 22 juin, et toute cette agitation me semblait bien futile […]. La seule vraie préoccupation de chacun était de ne pas être le dernier tué de la campagne. » D’ailleurs, « l’effectif de mon escadron fondait ». Beaucoup de recrues de hasard ont en effet tendance à rejoindre d’autres troupes où ils ont des camarades, selon les occasions qui se présentent. « J’ai alors choisi de ne plus obéir qu’à moi-même [et] de rejoindre à tout prix le dépôt de Cavalerie 21 où je savais pouvoir retrouver amis et chevaux. Mais personne n’avait la moindre idée d’où il pouvait être ». À Tarbes, peut-être ? Alors, soit, pense-t-il, dirigeons-nous vers Tarbes !
Retrouvailles et effusions
Sur ce chemin, on atteint Toulouse (Haute-Garonne), au terme de plusieurs étapes, en passant par Montmoreau (Charente), Chalais (Charente) et Mussidan (Dordogne), en tout 370 km en direction du sud. De Chalais, Gendron s’est permis un dernier écart, à moto, pour se rendre à Agonac, en Dordogne (aller et retour de 160 km en tout), afin d’embrasser sa mère et ses sœurs, dont il pressentait qu’elles s’y étaient mises à l’abri. Et voici que dans une rue de Toulouse, son fidèle caporal lui lance brusquement : « Mon lieutenant, il y a une poule qui court après la bagnole ! ». Une rencontre de hasard comme il en a eu tant en juin 1940 ! Mais un hasard vraiment extraordinaire ! Cette « poule », c’est son épouse, Odile, réfugiée là avec une amie ! « Elle dévisageait systématiquement tous les militaires dans l’espoir de retrouver un visage connu. » Voici aussi, une fois « les effusions finies », qu’un officier de cavalerie rencontré à la terrasse d’un café lui apprend que le fameux Dépôt de Cavalerie 21 se trouve en fait « à Bussière-Galant, en Haute-Vienne, donc bien plus au nord que je n’aurais pensé ». Changement de direction : plein nord, cette fois.
Cependant, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), au bout de 45 km, « un commandant un peu plus méfiant que les autres sentit que j’en faisais trop à ma guise, et me donna l’ordre écrit d’aller assurer la distribution d’essence à Issigeac » (Dordogne). Difficile de se dérober. Gendron doit passer là « deux ou trois jours assommants », avant de parvenir enfin à Bussière-Galant, 130 km plus au nord. « Je fis astiquer hommes et matériel, et notre arrivée […] fit sensation ».
« De mon peloton tel qu’il avait été constitué le 20 mai, il ne rest[ait] que cinq ou six cavaliers le 25 juin, les quelque cinquante autres militaires qui étaient sous mes ordres […] ayant été recrutés par moi en cours de route. Ils étaient originaires de toutes les armes, et j’avais même deux soldats belges parmi eux ! ». En faisant confiance à ce chef improvisé, ils auront non seulement évité la captivité, mais le remords de n’avoir pas été à la hauteur des circonstances, qui a été le lot de tant d’autres. Bon exemple de ce que peut l’esprit d’initiative dans une époque confuse.
L’armistice est signé. On confie encore à Gendron, nommé sous-lieutenant… en date du 25 juin (d’après une communication personnelle de janvier 2006), une dernière mission à 6 km de là, à Châlus (Haute-Vienne), celle de participer aux formalités de démobilisation. Odile, qui l’a suivi, a trouvé un emploi dans une banque. Gendron resterait bien dans la cavalerie, à condition de pouvoir y faire de l’équitation. Inimaginable, dans les circonstances présentes. Début septembre, « je me suis donc démobilisé moi-même ».
Louis GENDRON (1917-2009), En marge de l’histoire, auto-édité (ISBN 2-86495-197-5), tome 1 (1998), 442 p. – Mai-juin 1940 p. 155-180. L’auteur passera en Afrique du Nord en 1941 ; il reviendra en France comme lieutenant dans la 2ème DB de Leclerc, en 1944 ; il sera blessé et fait prisonnier près d’Épinal, en octobre. Par la suite, il fera une carrière de fonctionnaire international dans les agences de l’ONU.
Récit extra, et reflétant parfaitement la vérité ; c’est le même, presque littéralement, que celui de mon père, sous-lieutenant de la Coloniale, et sa galère de Vernon-Seine, jusqu’à la Mayenne, avec une (trop lourde!) section de mitrailleurs de 55 bonhommes, poursuivis par les Allemands… Puis, après l’armistice, sur la Loire, la chasse aux hommes pour emprisonner des « otages-soldats ». Puis « la cloche », à pied, pendant trois semaines jusqu’à Chalus !… bizarres coïncidences… Des artilleurs belges,avec canons, chevaux… et chaussettes à café avaient même atterri – tout un régiment – à Fabrezan (Corbières ) où des viticulteurs occitans l’avaient vu : « ils font le café avec des chaussettes! »…
Dommage pour le 1,8 million d’hommes coffrés pendant cinq ans !!