L’auteur de ce journal est un intellectuel polonais arrivé en France en mars 1939 avec sa jeune femme, Barbara (qu’il appelle Basia). Ils pensaient n’y faire qu’une étape sur le chemin de l’Amérique du Sud, et ils se rendront effectivement en 1948 au Guatemala, où ils s’installeront. Mais en attendant, ils restent à Paris, où ils se plaisent et où Andrzej a trouvé un travail d’aide sociale aux ouvriers polonais dans une usine d’armement de Châtillon (Hauts-de-Seine). Il s’emploie notamment à faciliter leurs rapports avec l’administration. Il a bien tenté de s’enrôler dans l’Armée polonaise de l’Ouest (constituée en Bretagne), mais on n’a pas voulu de lui.
« Tout au long de ma vie, j’ai fait des mariages d’amour. Je n’en reconnais pas d’autres. Ce n’est pas pratique, mais que faire ? […] J’ai épousé la France par amour, un amour fou ». Mais il reste toutefois éperdument attaché à sa malheureuse patrie polonaise, et il est souvent, dans ses jugements acérés, aussi sévère pour l’une que pour l’autre de ses deux patries. Qui aime bien, châtie bien.
Le 20 mai 1940, il note : « Paris s’est dépeuplé […], mais comme en cachette. Les gens partent en catimini, affirmant jusqu’au dernier moment à leurs amis : « Nous ne bougeons pas. » » En somme, il a le sentiment que l’atmosphère est « chargée de mensonges ». Tout le monde est rassuré par la nomination de Weygand comme généralissime. La rumeur du suicide de Gamelin se répand. Tout cela ne sert qu’à masquer le fait que « les Français ont bel et bien perdu la première phase de la bataille ».
Le sentiment poignant de la fin de la France
Le lendemain, Paul Reynaud met en cause au Sénat le général Corap, dont l’Armée a été défaillante à Sedan. On tient une explication ou en tout cas un responsable, de sorte que « ce scandale a requinqué tout le monde ». Les jours suivants, le temps reste magnifique. L’aviation allemande survole Paris de temps à autre, mais sans bombarder. Cependant, les nouvelles sont mauvaises, « tout part à vau l’eau » : les Allemands ont réussi à encercler l’Armée de Belgique, le Roi Léopold s’est rendu. Mais tout ce qu’on observe dans les rues, c’est que les policiers, armés de fusils datant de la guerre de 70, réclament aux passants leur carte d’identité, et que dans les bureaux de l’Administration les gratte-papier sont toujours aussi déplorablement tatillons. Un ami entraîne Andrzej en auto à vive allure sur une petite route de campagne délicieuse et ils s’arrêtent dans une guinguette sympathique, mais « la bière n’arrivait pas à descendre tellement j’avais la gorge nouée ».
Le 1er juin, Andrzej et son épouse lisent les journaux dans le jardin du Luxembourg désert. « Chacun de nous connaît le pensée de l’autre sans qu’il soit nécessaire de l’exprimer complètement. C’est la défaite. » Le gardien crie « On ferme ! » », et Andrzej a l’impression que cela signifie : « On ferme la France ». Deux jours plus tard, dans la matinée, il a affaire de nouveau au Ministère du Travail. « Sur la pelouse, deux agents de police vont et viennent. Ils se penchent, se redressent, font quelques pas, puis se repenchent ». Il est intrigué. L’un des policiers lui explique : « Monsieur, nous cherchons des trèfles à quatre feuilles. Vous en voulez un ? ». Andrzej sourit, accepte le porte-bonheur, mais n’en pense pas moins. Anecdote symbolique. S’en remettre à la chance, n’est-ce pas un aveu d’impuissance ?
L’agonie de Paris
Ce même 3 juin, l’après-midi, Bobkowski est à Châtillon dans son bureau lorsqu’il entend la canonnade de la DCA, puis le fracas des bombes. « Je reste calmement à mon bureau, feignant de garder mon sang-froid alors que je suis mort de peur. » Ce n’est pas tombé loin. « Dans une rue de Châtillon, les vitres de toutes les maisons, presque sans exception, avaient volé en éclat ». Naturellement, il s’approche, s’informe. « Deux gardiens de la paix m’ont aussitôt arrêté sous le prétexte que je posais des questions suspectes et m’ont emmené au commissariat ». Le lendemain, on apprendra le nombre élevé des victimes.
Le 5, il note que « depuis le 10 mai, les Allemands s’en donnent à cœur joie ». Basia, qui avait prédit de longue date que la France ne tiendrait pas le coup devant l’Allemagne, avait donc raison. « Je ne la croyais pas. J’ai été élevé dans le mythe de la France. » Le 7, Andrzej note : « Les événements […] se succèdent à un tel rythme qu’ils en paraissent irréels ». Le dimanche 9, le jeune couple se promène à Bagatelle. Une détonation lointaine fait choir « sans bruit, les pétales d’une rose blanche épanouie. J’avais le sentiment, près de ce massif de roses, dans ce jardin désert ravissant, de faire mes adieux à cette France de rêve qui s’envole comme un rêve ».
Le 10 juin, il reçoit l’ordre d’organiser l’évacuation des ouvriers polonais. Il se rend donc à la gare Montparnasse, où la situation est indescriptible. Le soir venu, « des gens dormaient çà et là sur les quais en attendant les trains de demain ». Pour rentrer chez lui, il n’y a plus un taxi (ils sont tous sur les routes…). Il traverse Paris à pied. « Au-dessus de toute la ville, il plane moins une menace qu’une tristesse totale, absolue ». Il trouve tout de même la force de noter ses impressions jusqu’à 3 h, dort 2 heures, se relève à 5 h. Ce 11 juin, il retourne deux fois à la gare, dans des métros bondés, parvient tout de même à rallier et à faire partir un groupe de Polonais. Mais doit renvoyer l’autre à l’usine : les trains ne partent plus. Chose vue : « Une vieille femme était morte sur le quai. Elle gisait sur un chariot à bagages, le visage caché sous un mouchoir ». Il revient à pied. Agitation, chaleur, fatigue. Basia remplit leurs valises, si lourdes qu’elles sont intransportables. « La vue des valises m’a mis en colère. Je ne pars plus. Advienne que pourra ».
Le démon de la fuite
Pourtant, le lendemain 12 juin, « je me suis dit que rester à Paris, c’est déserter alors que tout n’est peut-être pas perdu. Il faut qu’on se sépare, Basia et moi. Si je quitte Paris, c’est pour me battre un jour ou l’autre […]. À l’armée, on n’emmène pas sa femme ». Basia a de sombres pressentiments. Andrzej veut espérer. « Basia m’a accompagné jusqu’au métro. Je l’ai embrassée […]. Nous sanglotions tous les deux ». A l’usine, il apprend que le dernier groupe de Polonais est parti à pied rejoindre les groupes précédents à Nemours (Seine-et-Marne). Andrzej et son ami français Robert décident de profiter du camion qui doit acheminer vers la même destination les bagages des partants, tout un amas d’objets hétéroclite. Ils sont obligés de se cacher sous une bâche pour ne pas faire des envieux. « La sortie de Paris offrait un spectacle incroyable. Une colonne interminable de voitures qui roulaient sur deux files, parfois même sur trois ». À force de rouler en première, beaucoup tombent en panne. « Je me demandais pourquoi ces pauvres gens […] fuyaient. Je suis sûr qu’aucun d’eux ne savait où il allait. Possédés, empoisonnés par le démon de la fuite ». En quatre heures, ils n’ont fait qu’une vingtaine de kilomètres. Il pleut. Sous leur bâche, les deux amis somnolent.
Enfin, le 13 juin, on arrive à destination, mais « on n’est entré dans Nemours qu’en fin d’après-midi. 84 km en vingt-six heures ». Plutôt que de repartir sur-le-champ pour la deuxième étape, Sully-sur-Loire, Andrzej convainc le conducteur et Robert de passer la nuit dans une grange que lui a indiquée un pasteur protestant suisse, responsable d’une sorte de centre d’accueil. Quant à lui, il dort dans le camion, de peur qu’on ne le leur vole. Au matin du 14, il se plonge dans l’eau fraîche du Loing. Ensuite, il veut boire un café, mais il n’y en a plus. « Il ne reste que du vin blanc. Le vin, lui, ne manque jamais ». Arrivent les Polonais partis à pied de Châtillon. L’unique camion ne suffirait pas à les prendre tous en charge. Heureusement, il y en a un autre qui revient de Sully après y avoir déposé ses passagers. Donc, tout le monde repart en camion, à 14 h. « Nous avons franchi la Loire dans la soirée. Le fleuve était presque à sec. J’avais beaucoup de mal à croire que ce filet d’eau pourrait constituer une quelconque ligne de résistance ». À Sully (Loiret), tous les ouvriers de l’usine se sont regroupés et comptent repartir en train le lendemain.
Le choix de la bicyclette
15 juin. Andrzej et Robert font bande-à-part, ils ont trouvé deux vélos dans leur camion et se les sont appropriés. Ils apprécient le calme, après avoir vécu dans une foule énervée et bruyante. Ils ne se pressent pas de prendre la route. Partis vers 11 h, ils font rapidement les 85 km (ou même un peu plus, car on leur impose une déviation) qui les séparent de Bourges, où ils arrivent vers 18 h. Robert fait une mauvaise chute à l’entrée de la ville. Il saigne. Il est secouru par deux réfugiés, qui se mettent à leur parler en polonais. Il y a des Polonais partout, en France, en juin 40, ils en feront plusieurs fois l’expérience. Toute l’usine de Châtillon se retrouve à la gare, où Andrzej et Robert passent la nuit sur le sol de béton. Le lendemain, ils se joignent aux autres qui embarquent dans un train de marchandises. Il y a des Français aussi, un petit vieux pris d’une crise de démence, une femme qui arrache hargneusement à Andrzej, sans un mot, la bouteille d’eau que gentiment il lui tendait. Enfin, on arrive dans la soirée à Montluçon (Allier), d’où tous pensent reprendre le train le lendemain. Mais pour Andrzej et Robert, il n’en est pas question. D’ailleurs, ils ont pris goût au vélo. En attendant, ils pensent passer la nuit dans un cinéma, ce serait confortable et pittoresque ; mais finalement, une couturière les invite « chez elle », c’est-à-dire dans une remise garnie de paille. Ils auront de l’eau en abondance, et au matin un bon café.
Le 17 juin, à la gare, il n’y a plus aucun train. On apprend que la France demande l’armistice et on entend la Marseillaise à la radio. « Je répétais machinalement « Formez vos bataillons ! Marchons ! Marchons » quand j’ai pris conscience du ridicule de ces paroles vu la situation ». Alors, il fredonne sur le même air : « Fuyons ! Fuyons ! ». Tadzio, le petit Polonais chauffeur de taxi à Varsovie, gouailleur comme le sont sans doute les taxis de tous les pays, se joint aux deux amis et partagera dorénavant leur sort. Ils ont gardé un vélo pris sur le camion de l’entreprise, et qui n’appartenait apparemment à personne. Ils s’en procurent chez un marchand deux autres, neufs, et assez chers.
À travers la France profonde
Le 18 juin, lever matinal. Il fait très beau. « Le septembre polonais et le mai-juin français ont été, tous les deux, chauds et ensoleillés. « Hitlerwetter » », « un vrai temps pour Hitler ». La différence avec la Pologne, c’est que : « nous voulions nous défendre mais nous n’avions pas de quoi, alors qu’eux (les Français) avaient de quoi se défendre mais ne le voulaient pas. Je me demande si la France s’en relèvera ». Pour sortir de Montluçon au milieu de la cohue, ils doivent pousser leurs vélos, à pied, pendant plusieurs kilomètres. Ensuite, ça va mieux. Andrzej éprouve « le sentiment très net que plus rien n’avait désormais d’importance. En l’écrivant (le soir même, de toute évidence), je sens que quelque chose s’est brisé en moi ». Au bout de 60 km, ils suivent l’indication d’un panneau, qui leur promet, un petit peu à l’écart, la double merveille d’une église romane et d’un pont romain. Il s’agit du village de Moutier d’Ahun (Creuse). Le curé leur trouve un abri pour la nuit chez un paroissien. Un moment de paix. « Une nappe de brouillard flottait au-dessus des prés […] et la lune brillait […]. J’entendais dans le lointain les hurlements incessants des moteurs ; sous le pont, des grenouilles coassaient. »
Le 19, à 10 h, ils reprennent la route, mais en se dirigeant vers le nord : ils descendent la vallée de la Creuse jusqu’à Guéret. Sur la route, les gens « vont en sens inverse, plongés dans une sorte de torpeur », et la ville vient d’être bombardée : « deux maisons en flammes achèvent de brûler ; au milieu de la chaussée, un entonnoir creusé par une bombe et des carcasses de voitures calcinées ». Mieux vaut ne pas s’attarder et rebrousser chemin. Mais des avions surgissent, alors qu’ils se sont mis à l’écart pour se restaurer, couchés sur l’herbe. « Ils mitraillaient la route ». Ils lâchent aussi quelques bombes. Andrzej affirme que ce sont des avions italiens, et il précise « des Fiat BR 20 ». Toujours cette obsession des avions italiens ! Tout de même, ce Polonais est bien renseigné sur le matériel italien ! Ce type d’appareil a effectivement accompli des missions en France dans ces jours-là. Seulement, on sait aujourd’hui avec certitude qu’ils ne sont intervenus que sur la Côte d’Azur et dans les Alpes. Les trois amis fuient ces lieux maudits. Un peu plus loin, un bistrot a été fort endommagé. « Un cadavre ensanglanté était couché en travers de la porte. » La même escadrille revient. Les occupants d’une voiture pris de panique s’égaillent dans les champs, oubliant un très jeune enfant qu’Andrzej recueille et rassure, avant de le ramener à sa mère avec le conseil : « La prochaine fois, ne l’oubliez pas ! ». Vers 21 h, le petit groupe va demander asile dans une ferme, où on les reçoit très bien, en leur offrant de la soupe et du vin, et ils passent la nuit dans le foin.
Le 20, ils partent tard. Ils traversent Saint-Sulpice-les-Champs (Creuse), « une petite ville blottie au fond d’une vallée ». Chaleur torride. Longue sieste l’après-midi dans un bois. La nuit venue, ils trouvent une ferme, des gens accueillants et ils dorment dans leur grenier à foin, au-dessus du ruminement des vaches. Le lendemain 21, ils reprennent la route de Limoges (Haute-Vienne), où ils arrivent vers 13 h. À l’entrée de la ville, un barrage. Andrzej seul est autorisé à entrer en ville à pied pour acheter quelques provisions. Il est tout heureux de dégoter aussi une carte, produit rare en juin 40 (jusque-là, ils n’en ont aucune pour se guider) : c’est « une carte de France publiée par « l’Auto » pour le tour de France de 1936 » ! Depuis Montluçon, ils ont fait 160 km. Il en reste une centaine à faire pour atteindre Angoulême. Le 22, il pleut, et ils se mettent en route vers 14 h seulement avant de s’arrêter dans une ferme.
Fête dérisoire et vie de château
Le lendemain 23, ils font étape à 12 km d’Angoulême, où ils apprennent, le lendemain, que les Allemands sont déjà. Le 24 dans l’après-midi, ils décident donc d’éviter Angoulême et de prendre de petites routes en direction de Périgueux. À partir de Mareuil (Dordogne), les convois militaires encombrent les chaussées. Il y a toute une file de canons de 155 mm basculés dans les fossés. Des soldats ont improvisé une fête près d’un bois : tables, vin, musique. Andrzej est sidéré : Les particularités des Français, charmantes en temps de paix […], sont maintenant fatales. En temps de paix, ils avaient oublié la guerre ; en temps de guerre, il leur a été impossible d’oublier la paix ». La nouvelle de l’entrée en vigueur imminente de l’armistice déclenche l’enthousiasme. Les soldats « passent en chantant […]. On dirait que l’armistice […] les a disculpés ; ce sont maintenant des héros qui ont accompli leur devoir. Au village, c’est la fête. Tous les cafés sont éclairés, les portes grandes ouvertes ; on se saoule et on chante ». Des militaires avinés, reconnaissant en eux des Polonais, ne manquent pas de leur rappeler : « « Toute cette guerre, c’est à la Pologne qu’on la doit » ».
Au matin d’une nuit passée à nouveau dans le foin d’une grange, le 25 juin, le trio apprend l’existence, à 3 km, d’un château (un peu délabré) dont le propriétaire est… un Polonais. Ce personnage pittoresque, qu’ils trouvent « vêtu d’une chemise et d’un pantalon déchiré retenu par […] de la grosse ficelle, et chaussé de souliers crottés », est un paysan de Posnanie, immigré dans le Nord de la France. Il y a fait fortune grâce à une entreprise de charcuterie, et il s’est réfugié dans ce château que son enrichissement lui a permis d’acquérir. Il y héberge d’ailleurs des « comtesses » qui se montrent « d’une sollicitude envers nous toute maternelle ». Ce sont les épouses des membres du personnel consulaire polonais de Lille. Leurs maris les ont laissées là en prenant la fuite. Longues conversations en polonais. Des soldats français viennent également installer là leur cantonnement, un de leurs sous-officiers fait cadeau à nos amis d’une précieuse carte routière détaillée.
Le pays où la guerre n’est pas arrivée
Après une bonne journée de repos pour remettre en état les organismes et le matériel, il faut repartir à nouveau vers le Sud, le 27 juin, sans s’attarder à Périgueux (Dordogne). Ils font étape le 28 à Belvès (Dordogne). « Nous avons le sentiment d’arriver dans un autre pays ». Encore une fois le hasard fait bien les choses, ils se sont adressés pour demander leur chemin à… un Polonais, qui leur propose de les héberger. « Il y a pas mal de Polonais dans la région qui exploitent des fermes « moitié-moitié » ». Tadzio, l’homme débrouillard, se rend utile en improvisant une forge pour réparer la charrue. Le lendemain, ils font les foins.
Le 30 juin, ils arrivent à Cahors. Ils ont parcouru 525 km à vélo depuis Montluçon. Nous les abandonnerons là, si tentant qu’il soit de les suivre, 215 km plus loin, jusqu’à Carcassonne, lieu de repli de leur usine, où ils arrivent le 3 juillet. La Méditerranée enchante Andrzej, cet homme du Nord. Mais qu’il est étrange de constater que le Midi n’a pour ainsi dire pas pris conscience de ce qui vient de se passer ! « La guerre ? Ici, on ne la connaît que par les récits des gens qui passent ». « La guerre n’est […] jamais arrivée jusqu’ici ».
Repartant, toujours à vélo, de Carcassonne, le 6 septembre, Andrzej et Tadzio rentreront à Paris, en faisant un large détour par Nice et par les Alpes. Un vrai Tour de France cycliste ! Au, passage, à Toulon, ils sont scandalisés par le spectacle de cette magnifique flotte de guerre, dont les Français ne se sont pas servis et dont nous savons qu’effectivement elle ne servira à rien. Le 29 septembre, Andrzej retrouve enfin Basia à Paris.
Andrzej BOBKOWSKI (1913-1961), En guerre et en paix, journal 1940-1944 (publié en polonais, 1957 – traduit du polonais par Laurence Dyèvre, Les éditions Noir sur Blanc, Montricher, Suisse, 1991, 20 mai-30 juin 1940, pp. 9-38 (éd. partielle, Douce France, « journal été 1940 », Libretto, 2015). Il y a de nombreux indices qui montrent que ce journal a été effectivement tenu au jour le jour. La partie antérieure au 20 mai a été détruite par Barbara, la femme d’Andrzej, lors de l’entrée des troupes allemandes à Paris, sous la pression de leur logeuse pusillanime. Bobkowski continue à tenir dans son journal la chronique de l’Occupation à Paris jusqu’en août 1944.